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Un destin différent pour les populations françaises de Limenitis populi (Linnaeus, 1758) en plaine et en montagne. Rôle de l’altitude et du climat sur la phénologie des espèces (Lepidoptera Nymphalidae)

Auteurs : Corradini (Pierre) et Petit (Daniel)


Année de publication : 2022
Publication : Alexanor
Volume : 29
Fascicule : 8, 2020
Pagination : 599-617


Résumé :

Grâce au concours de nombreux lépidoptéristes, un jeu de 1080 observations du Grand Sylvain, Limenitis populi, est réuni sur la période 1908 à 2015. Il est utilisé pour étudier l’évolution de la répartition et de la phénologie de l’espèce, en lien avec l’altitude et la température.Le Papillon n’est observé qu’en moyenne vingt fois par an, sans qu’il soit possible de mettre en évidence un déclin de celui-ci sur les dernières décennies, contrairement à la perception des observateurs. En revanche, la carte de répartition montre une contraction de l’aire de distribution vers l’étage collinéen, où l’espèce trouve son préférendum, puisque 39,5% des observations concernent des localités situées entre 150 et 300 m d’altitude.L’analyse de l’altitude moyenne des observations par décennie montre qu’entre les années 1970 et 1980, l’aire de répartition de l’espèce s’est élevée de 207 m, traduisant une régression significative du Papillon dans les régions de plaine. Ce résultat coïncide avec deux facteurs explicatifs, la transformation du paysage rural conduisant à la disparition de la plante nourricière, Populus tremula, et le réchauffement climatique global.La corrélation de la phénologie, estimée par le pic d’abondance, avec l’altitude permet de quantifier l’impact du réchauffement climatique sur l’espèce. Tous les 150 m d’altitude, le pic d’abondance de la période de vol de L. populi se décale vers l’été de 2,2 jours. Durant la décennie 1990, marquée par une forte augmentation des températures moyennes, à altitude constante, le pic d’abondance de la période de vol de L. populi s’est décalé de deux jours. Ce décalage est compensé si l’espèce à la possibilité de retrouver son optimum thermal 128 m plus haut. À défaut, L. populi régresse, comme l’ont constaté les lépidoptéristes des régions de plaine.