Détail de la référence

Article

Découverte de Lopinga achine (Scopoli, 1763) dans le département de la Corrèze : état des connaissances sur son écologie et hypothèses de colonisation (Lepidoptera Nymphalidae Satyrinae)

Auteur : Corradini (Pierre)


Année de publication : 2015
Publication : Alexanor
Volume : 27
Fascicule : 1
Pagination : 11-21


Résumé :

La première observation de la Bacchante (Lopinga achine Scopoli, 1763) en Limousin est réalisée en 2002 sur le petit Causse corrézien. En forte régression au début des années 2000 en France et en Europe, l’espèce, redécouverte dans les régions Centre – Val-de-Loire et Poitou-Charentes, est simultanément l’objet de premières mentions en Corrèze, en Dordogne et, plus récemment, dans le Cantal. Le statut de l’espèce suscite l’intérêt de la recherche suédoise, qui apporte de nouvelles données sur son écologie. Chez cette espèce assez sédentaire, aux capacités de dispersion limitées (960 mètres pour les femelles contre 670 pour les mâles), environ 10 % des femelles émigrent vers de nouveaux biotopes. L’émigration a lieu après la ponte de 80 à 85 % des œufs. Elle est d’autant plus importante que les femelles de L. achine sont âgées et qu’elles émergent dans des habitats de petite taille. Le maintien de l’espèce dans un habitat est plus dépendant du couvert végétal que de la présence d’une plante nourricière. Les plus fortes densités de papillons s’observent pour un couvert forestier compris entre 70 % et 85 % de la surface du sol, alors qu’elles chutent pour des taux de fermeture de la canopée supérieurs à 90 %. Une hypothèse quant à la dynamique des populations de L. achine, susceptible d’expliquer les observations récentes, est proposée. Les femelles migrantes emprunteraient, du fait de leurs faibles capacités de dispersion, des habitats « de transit » – y donnant naissance à d’éphémères micro-populations promises à court terme à la disparition – jusqu’à ce qu’elles atteignent un habitat favorable. Elles assureraient ainsi la survie de l’espèce, les micro-populations se maintenant toutefois suffisamment longtemps pour permettre aux lépidoptéristes de les découvrir. Cette hypothèse pourrait de même expliquer en partie la théorie couramment admise selon laquelle L. achine serait une espèce en déclin.